De nos jour, au Niger, la majorité des biens manufacturés que nous utilisons/consommons, de machines outils aux bouilloires, en passant par les voitures de tourisme ou de transport, proviennent essentiellement de l'étranger : Chine 22,6%, France 14,6%, Etats-Unis 5,3%, Thaïlande 4,7%, Japon 4,4%, Nigéria 3,8%.... Rien qu'en 2013, le Niger a importé 1016,8 milliards de FCFA de marchandises, dont 47,4% de biens manufacturés. Et cette tendance ne fait que s'accentuer, comme l'atteste le graphique ci-dessous. Et comme notre pays importe davantage qu'il n'exporte, notre balance commerciale reste négative : - 241,5 milliards de FCFA en 2013, ce qui signifie donc que sa dépendance extérieure reste très importante.
Nous savons que les importations contribuent à accroître le niveau de vie et à faciliter le développement et la croissance économique d’un pays. Cependant, elles peuvent aussi générer une baisse du revenu national et de l’emploi, ce qui signifie à terme une hausse du chômage et par ricochet, l'appauvrissement de la population.
Investissements très insuffisants dans le secteur secondaire
PIB par secteur (en pourcentage du PIB) Source: A.L. Ibrahim à partir des données AEO (2014) |
Pire, nous attendons toujours des investisseurs étrangers pour créer de petites et moyennes entreprises (PME) pour rattraper notre retard, en comparaison avec nos voisins (Nigéria, Côte d''Ivoire). Néanmoins, les étrangers sont de nature prudents puisqu'ils intègrent la notion du risque-pays dans leurs décisions d'investissement. Le contexte sécuritaire dans le Sahel en général et au Niger en particulier, comme nous allons le voir plus bas, les inciterait plutôt à la méfiance.
Pourtant, il existe au Niger des potentiels investisseurs notamment les opérateurs économiques. La plupart d'entre-eux se sont enrichis sur le dos de l'état : leurs revenus étant majoritairement la contrepartie des prestations réalisées pour le compte de ce dernier. Mais, il est décevant de constater que l’investissement, hors mines, dans notre pays reste quasi-inerte. En cause, le premier "réflexe" de nos opérateurs économiques consiste à se lancer dans l'import-export de produits essentiellement alimentaires. Dans les faits, ils ne font que de l'import comme en témoigne la situation [peu envieuse] de notre balance commerciale (Cf.Graphique ci-dessus); une activité peu créatrice de valeur ajoutée et donc des emplois. Notre secteur secondaire pâtit de ce choix. Selon l'AEO(2014), le secteur secondaire représente 19,2% du PIB, dont 6,5% pour la manufacture (dernières données disponibles). Une part très négligeable au vu du potentiel de production dans notre pays.
Atouts très peu exploités par les nationaux
Au delà du carde sécuritaire, le Niger a d’innombrables atouts : il a une position charnière entre l'Afrique occidentale et le Maghreb, et se trouve au coeur de l'UEMOA et de la CEDEAO, soit un marché potentiel de plus de 200 millions de consommateurs. Ayant renoué avec la stabilité politique, le Niger s'est doté d' un cadre réglementaire assaini et offre de nombreuses opportunités d'investissement:
- Un important potentiel minier diversifié ;
- Des filières spécifiques porteuses : cuirs et peaux, viande, produits agricoles et maraîchers;
- Un artisanat riche et varié qui constitue un créneau porteur pour les entreprises modernes de fabrication et de commercialisation de produits artisanaux haut de gamme;
- Une population jeune, apte à être formée et représentant une main d'oeuvre abondante et bon marché;
Le Niger a opté pour une politique de libéralisation de l'économie qui s'est traduite par:
- Un désengagement de l'Etat des secteurs productifs et marchands.
- La promotion du secteur privé, par la mise ne place d'un environnement institutionnel et juridique propice aux affaires dans le cadre régional et international (OHADA, OMC).
- L'élaboration d'un code des investissements qui offre des avantages fiscaux à tout investisseur pendant la réalisation des investissements et pendant la phase d'exploitation pour une durée de cinq (5) ans. Trois régimes privilégiés sont prévus:
- Le régime A ou régime promotionnel.
- Le régime B ou régime prioritaire.
- Le régime C ou régime conventionnel
- Le régime B ou régime prioritaire.
- Le régime C ou régime conventionnel
- Un code minier et un code pétrolier qui définissent les procédures simplifiées d'octroi des permis de prospection, de recherche et d'exploitation. Ils prévoient des dispositions fiscales spécifiques accordant des avantages particuliers aux investisseurs.
- Un code du travail souple qui donne plus de liberté d'embauche et de licenciement, et qui autorise les contrats à durée déterminée".
Source : A.D.Ibrahim à partir des données INS |
Au delà de l'acte patriotique fort et de la création de richesse, les éléments cités devraient susciter, réveiller et aiguiser l’appétit de nos riches commerçants à investir davantage dans le pays. En marge de la rentabilité espérée, l'objectif de la création d'une entreprise reste le fait de doper l'emploi, accroître la production et accélérer l'industrialisation du pays, et à long terme, augmenter la valeur ajoutée des exportations.
L’exportation en ligne de mire
Après avoir mis au point sur le territoire national ces produits et process industriels, les entreprises innovantes auront tous les atouts pour se développer à l’export. Une fois cette étape franchie, on pourrait s'attendre à une injection de monnaie dans le circuit économique du Niger et leurs variations, lorsqu’elles sont positives par rapport aux importations, doivent susciter un mécanisme vertueux d’augmentation du revenu national et de l’emploi.
Le "Kilichi" (viande grillée et séchée) et les oignons sont la preuve que le made in Niger séduit également hors de nos frontières !
Encourager la consommation des produits locaux
Contrairement aux consommateurs de certains pays du monde, les consommateurs nigériens ont tendance à opter pour un bien importé, même si son équivalent/concurrent existe et produit localement. Cela se remarque dans nos habitudes de consommation de biens culturels, vestimentaires....Même si, la qualité n'est souvent pas au rendez-vous. Cette pratique, bien ancrée dans nos comportements, n'est pas sans conséquence sur notre économie. Elle serait, en effet, à l'origine du déclin de notre industrie. Certains de nos industriels, au lieu d'investir dans la communication/publicité et la Recherche et développement (R&D) : l'amélioration de la qualité de leur produits, ont préféré jeter l'éponge. Alors que le fait de produire de biens de qualité peut accroître la confiance entre le producteur et les consommateurs.
Pour inciter ces derniers à se ruer leurs produits, les producteurs nigériens peuvent aussi mettre en avant les différents aspects que peut revêtir la préférence pour les produits locaux :
Pour inciter ces derniers à se ruer leurs produits, les producteurs nigériens peuvent aussi mettre en avant les différents aspects que peut revêtir la préférence pour les produits locaux :
- Economique : Consommer local contribue à dynamiser l'économie du pays : sauvegarder des emplois et des filières de production et donc à réduire le chômage. Ce geste simple pourrait générer quelques points de croissance pour le pays.
- Écologique : L’importation de biens a un coût écologique important et mobilise beaucoup d’énergie (carburants...), puisque les produits parcourent de milliers de kilomètres via les différentes voies de transport (terrestre, maritime ou aérienne) avant de nous parvenir. Or, les moyens de transport émettent beaucoup de CO2, un des facteurs polluants de l'atmosphère et qui accroît l’effet de serre, lequel est à l'origine du réchauffement climatique.
- Sanitaire : Ce point concerne surtout les aliments soumis à la "chaîne de froid". La notion de chaîne du froid est un principe d'hygiène selon lequel un produit est refroidi puis maintenu à une température basse pour pouvoir être conservé. Le fait de réfrigérer les aliments permet d'éviter le développement des bactéries mais, également, de conserver les qualités de goût de l'aliment. La rupture de la chaîne de froid, pendant le transport, peut donc favoriser le développement de bactéries et accroître le risque d'intoxication alimentaire. Les personnes ayant peu de défenses immunitaires (bébés, femmes enceintes, personnes malades ou personnes âgées) peuvent en mourir.
- Culturel : En achetant des produits importés, à l'instar des habits qui ne reflètent pas souvent les réalités locales, on perd partiellement de son identité, laquelle se manifestant à travers ses productions artisanales voire industrielles. Et personne ne souhaiterait perdre de son identité. D'où la nécessité d'acheter et porter des habits confectionnés localement.
- Etc.
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