"Une nation en retard, qui veut une croissance rapide, est évidemment avantagée, au moins sur le court terme, si elle est dirigée par un gouvernement ayant assez d'autorité pour imposer des changements. A condition que celui-ci sache ce qu'il faut faire.(...)" Douglass North, Le Monde 11 Octobre 1994".
Chaque année, les experts, souvent issus des institutions internationales ou Universités prestigieuses, tous domaines confondus, établissent des classements basés sur des indicateurs, à connotation positive (l'indice de développement humain(IDH), compétitivité...) ou négative (corruption, trafic de drogue...), à l'échelle nationale, régionale ou internationale. L'année 2015 n'a pas échappé a cette règle, et en attendant la publication du célèbre classement annuel de l'IDH par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), un groupe d’experts indépendants : John Helliwell, Richard Layard et Jeffrey Sachs, s'est prêté à cet exercice en publiant son rapport sur l'Etude internationale sur le bonheur le jeudi 23 avril dernier à New York.
Selon l'indice choisi, les classements peuvent souvent être source de confusion pour le citoyen "lambda" : son pays peut, en effet, être bien classé dans l'un et moins dans l'autre.
Ce sentiment de contradiction a été mal vécu par la majorité des Nigérien : dans le rapport sur le Bonheur dans le monde, le Niger supplante ses voisins, alors qu'un an plutôt, le rapport sur le développement humain le désignait comme dernier de la planète.
L'objet de cette chronique est d'essayer d'éclairer l'opinion sur cette "étrange" contradiction.
Selon l'indice choisi, les classements peuvent souvent être source de confusion pour le citoyen "lambda" : son pays peut, en effet, être bien classé dans l'un et moins dans l'autre.
Ce sentiment de contradiction a été mal vécu par la majorité des Nigérien : dans le rapport sur le Bonheur dans le monde, le Niger supplante ses voisins, alors qu'un an plutôt, le rapport sur le développement humain le désignait comme dernier de la planète.
L'objet de cette chronique est d'essayer d'éclairer l'opinion sur cette "étrange" contradiction.
Le Niger se réjouit du classement 2015 sur le Bonheur dans le monde....
L'étude internationale sur le bonheur, publiée à New York récemment (2015) , avait classé le Niger 144ème/158 pays, juste derrière le Gabon (143ème), et loin devant le Togo (158), Burundi (157), Bénin (155), Rwanda (154), Burkina Faso (152), Côte d'Ivoire (151), Guinée (150) et Tchad (149). Une performance inattendue puisque notre pays a l'habitude d'être en queue de classement dans les classements internationaux, et que certains hommes politiques n'ont pas hésité à surexploiter à des fins politiques.
Cette performance s'explique par l'importance du lien social dans notre pays. Puisque dans leur rapport, les auteurs soulignent l'importance de l'équité, de l'honnêteté, de la confiance et de la bonne santé dans leurs « calculs ». Le Niger figure ainsi parmi les pays ayant su rester heureux, en Afrique, grâce à un fort soutien social (avoir quelqu'un sur qui compter), en dépit de inégalités qui ne cessent de se creuser. Rien d'étonnant puisque cela fait partie intégrante de notre culture [musulmane].
Néanmoins, les résultats sont plutôt mitigés lorsqu'on aborde les autres critères retenus dans l'étude : l'espérance de vie en bonne santé, le PIB par habitant, la confiance (mesurée par la perception d'une absence de corruption politique ou dans les affaires), la perception de liberté dans ses choix de vie, et la générosité (Cf. image ci-dessus).
.... Mais reste à la traîne dans celui de l'IDH.
Le "relatif" bon résultat enregistré précédemment pourrait laisser présager des signes d'amélioration pour le Niger dans le prochain classement de l'IDH [2015]. En attendant sa prochaine publication, nous nous contenterons d'utiliser les données de 2014 pour construire notre raisonnement.
A titre de rappel, "l'IDH est une mesure de synthèse du niveau moyen atteint dans les dimensions clés du développement humain : une vie longue et saine, l'acquisition de connaissances et un niveau de vie décent. L'IDH est la moyenne géométrique des indices normalisés pour chacune des trois dimensions."(PNUD).
Avec un score de 0,337 [sur 1], le Niger occupait la 187è sur les 187 pays retenus pour l'édition 2014. Une nouvelle certes moins réjouissante pour le pays et qui montre les limites voire l'inefficacité des actions du gouvernement actuel et de ses prédécesseurs en matière de bien-être des Nigériens.
Pour déterminer l'IDH, le PNUD a défini les critères ci-dessous - on retrouve déjà certains dans l'étude sur le bonheur - [ avec entre parenthèses, les valeurs pour le Niger]:
Cette performance s'explique par l'importance du lien social dans notre pays. Puisque dans leur rapport, les auteurs soulignent l'importance de l'équité, de l'honnêteté, de la confiance et de la bonne santé dans leurs « calculs ». Le Niger figure ainsi parmi les pays ayant su rester heureux, en Afrique, grâce à un fort soutien social (avoir quelqu'un sur qui compter), en dépit de inégalités qui ne cessent de se creuser. Rien d'étonnant puisque cela fait partie intégrante de notre culture [musulmane].
Néanmoins, les résultats sont plutôt mitigés lorsqu'on aborde les autres critères retenus dans l'étude : l'espérance de vie en bonne santé, le PIB par habitant, la confiance (mesurée par la perception d'une absence de corruption politique ou dans les affaires), la perception de liberté dans ses choix de vie, et la générosité (Cf. image ci-dessus).
.... Mais reste à la traîne dans celui de l'IDH.
Le "relatif" bon résultat enregistré précédemment pourrait laisser présager des signes d'amélioration pour le Niger dans le prochain classement de l'IDH [2015]. En attendant sa prochaine publication, nous nous contenterons d'utiliser les données de 2014 pour construire notre raisonnement.
A titre de rappel, "l'IDH est une mesure de synthèse du niveau moyen atteint dans les dimensions clés du développement humain : une vie longue et saine, l'acquisition de connaissances et un niveau de vie décent. L'IDH est la moyenne géométrique des indices normalisés pour chacune des trois dimensions."(PNUD).
Avec un score de 0,337 [sur 1], le Niger occupait la 187è sur les 187 pays retenus pour l'édition 2014. Une nouvelle certes moins réjouissante pour le pays et qui montre les limites voire l'inefficacité des actions du gouvernement actuel et de ses prédécesseurs en matière de bien-être des Nigériens.
Pour déterminer l'IDH, le PNUD a défini les critères ci-dessous - on retrouve déjà certains dans l'étude sur le bonheur - [ avec entre parenthèses, les valeurs pour le Niger]:
- La dimension de la santé, évaluée selon l'espérance de vie à la naissance (58,4 ans) est calculée à l'aide d'une valeur minimale de 20 ans et d'une valeur maximale de 85 ans.
- La composante éducation de l'IDH est mesurée au moyen du nombre d'années de scolarisation pour les adultes âgés de 25 ans (1,4 ans) et de la durée attendue de scolarisation pour les enfants en âge d'entrer à l'école (5,4 ans). La durée moyenne de scolarisation est estimée par l'Institut de statistique de l'UNESCO en fonction des données relatives au niveau d'éducation provenant de recensements et de sondages disponibles dans sa base de données. Les estimations relatives à la durée attendue de scolarisation se basent sur l'inscription par âge à tous les niveaux d'éducation. Cet indicateur est produit par l'Institut de statistique de l'UNESCO. La durée attendue de scolarisation est plafonnée à 18 ans. Les indicateurs sont normalisés à l'aide d'une valeur minimale de zéro et de valeurs cibles maximales de 15 et 18 ans respectivement. Les deux indices sont combinés dans un indice d'éducation à l'aide d'une moyenne arithmétique.
- La dimension du niveau de vie est mesurée par le revenu national brut par habitant. La fourchette de variation pour le revenu minimal est de 100 $(PPA) et pour le revenu maximal de 75 000 $(PPA). La valeur minimale du RNB par habitant, fixée à 100 $, est justifiée par la quantité considérable de productions de subsistance et non marchandes non mesurée dans des économies proches de la valeur minimale qui n'apparaît pas dans les données officielles. L'IDH utilise le logarithme du revenu pour refléter l'importance décroissante du revenu avec le RNB croissant. Les résultats pour les trois indices de dimension de l'IDH sont ensuite ajoutés à un indice composite à l'aide de la moyenne géométrique.
La figure 1 permet d'apprécier l'évolution des trois indices, décrits ci-dessus, de 1980 à 2013 pour le Niger. Ce dernier a certes enregistré des progrès en matière de bien-être de sa population. Cependant, au vu du potentiel économique du pays, les efforts entrepris restent de loin suffisants pour satisfaire les attentes de la population, de rattraper son retard vis-à-vis de ses voisins: Bénin (165è), Burkina (181), pays qu'il a pourtant supplantés dans le classement sur le Bonheur dans le monde. Si cette contre-performance sonne comme un manque de réflexions innovatrices sur le progrès, elle devrait, en revanche, inciter les autorités nigériennes à redoubler d'efforts pour offrir à leurs citoyens la meilleure qualité de vie.
Les limites des deux classements
Comme le précise souvent le PNUD dans ses rapports, "la couverture d’un pays, en termes de son IDH ou de son Bonheur, dépend de la disponibilité des données". Le calcul de l’IDH ou du Bonheur se réalise, dans la mesure du possible, à partir de données fournies par de grandes institutions internationales et par d’autres sources de données fiables disponibles au moment de la rédaction des rapports respectifs, pour permettre et faciliter une éventuelle comparaison entre les pays.
Puis, les données utilisées pour calculer ces indices, sont des moyennes, ce qui laisserait penser donc à l'existence d'importantes disparités entre les villes, les pays, régions. Donc il n'est pas étonnant qu'n habitant de Gouré ne puisse de reconnaître dans le classement sur le Bonheur au Niger.
Puis, les données utilisées pour calculer ces indices, sont des moyennes, ce qui laisserait penser donc à l'existence d'importantes disparités entre les villes, les pays, régions. Donc il n'est pas étonnant qu'n habitant de Gouré ne puisse de reconnaître dans le classement sur le Bonheur au Niger.
En définitive, l'IDH reste l'indicateur le plus représentatif pour évaluer le développement d'un pays. Car "il a été créé pour souligner que les personnes et leurs capacités devraient constituer le critère ultime pour évaluer le développement d'un pays, pas seulement la croissance économique"(PNUD). L'IDH peut également être utilisé pour remettre en question des choix politiques nationaux, en se demandant comment deux pays ayant les mêmes niveaux de RNB par habitant peuvent obtenir des résultats différents en termes de développement humain. [Quoiqu'] il ne reflète pas les inégalités, la pauvreté, la sécurité humaine, l'autonomisation, etc.
Dans les deux cas, leur objectif principal est d'interpeller les dirigeants d'un pays sur la nécessité de promouvoir les politiques qui amélioreront le bien-être économique et social de son Peuple.
Pour ce qui est du Niger, le gouvernement peut se réjouir du classement sur le Bonheur; il devrait en revanche conduire et accélérer les politiques économiques et sociales visant à pérenniser cet acquis et engager les reformes structurelles nécessaires pour améliorer l'IDH, avec comme objectif de figurer en tête des pays d'Afrique à horizon 2020.
Enfin, si aujourd'hui les Suisses et les Norvégiens sont respectivement les plus heureux au monde et ont la meilleure qualité de vie dans le monde, c'est grâce à leur sens du patriotisme et du travail. Aux Nigériens de faire de même, voire davantage!
Enfin, si aujourd'hui les Suisses et les Norvégiens sont respectivement les plus heureux au monde et ont la meilleure qualité de vie dans le monde, c'est grâce à leur sens du patriotisme et du travail. Aux Nigériens de faire de même, voire davantage!
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