Au Niger, près de 40% des enfants en âge d’aller à l’école (5 à 14 ans) ne sont pas scolarisés. En outre, ceux qui vont à l’école ne reçoivent pas une éducation de bonne qualité et n’acquièrent pas suffisamment les connaissances et les compétences dont le marché du travail a besoin. La faute revient essentiellement aux infrastructures inadaptées ainsi que le niveau médiocre des enseignants. Conséquence, un grand nombre d’élèves apprend peu de choses ; jusqu’à un tiers, voire plus, de ceux qui achèvent le cycle primaire ne maîtrise ni la lecture, ni l’écriture, ni le calcul. Et cela se répercute sur la suite de leur cursus. Le résultat catastrophique du BEPC 2014 reflète bien cette réalité.
On peut certes se réjouir des constructions de classes en cours, dont la plupart en matériaux définitifs. Mais une éducation de qualité ne se résume pas seulement en ces infrastructures. L’Etat doit miser davantage sur la formation du personnel censé transmettre le savoir. Puisqu’on aurait du mal à concevoir quelqu’un qui quitte le système éducatif sans véritable diplôme ou connaissances, ni (ou peu) de formation préalable, venir à son tour enseigner. Et, pourtant c’est ce qui se produit chez nous. Mais, cela n’est pas une fatalité.
Voici quelques pistes (tirées du Rapport de la Banque mondiale, 2014), lorsqu’elles sont explorées, peuvent contribuer à rétablir le niveau de l’enseignement au Niger :
1. Placer les acquis scolaires au centre de la politique de l’éducation. Il faut pour ce faire définir des indicateurs des résultats d’apprentissage des élèves, suivre leur évolution et les utiliser ensuite pour guider tous les aspects de la politique de l’éducation, notamment le déploiement et la formation des enseignants, ainsi que l’allocation des dépenses publiques au profit de l’éducation.
2. Investir dans la nutrition des jeunes enfants. Au Niger, les taux de malnutrition des enfants sont les plus élevés au monde, et la capacité d’apprentissage des enfants en pâtit. Les pouvoirs publics doivent veiller à ce que tous les enfants reçoivent une alimentation et des soins de santé appropriés, afin qu’ils aient de bonnes chances d’acquérir des connaissances. Une approche multisectorielle et transversale sera fondamentale pour y parvenir.
3. Améliorer l’efficacité et la responsabilité des enseignants. Le recrutement et le déploiement des enseignants doivent reposer sur des critères clairement définis, accompagnés de solides mesures empêchant la prise de décisions qui ne tiendraient pas compte du mérite. Il faut en outre assurer la formation initiale et la formation continue des enseignants, afin qu’ils appliquent les méthodes pédagogiques les plus récentes. Il importe aussi de mettre en place des structures de progression de carrière en fonction des performances, qui peuvent permettre d’attirer et de retenir les meilleurs.
4. Apporter un soutien adéquat à l’enseignement dans les premières années de scolarité. Pour aider la première génération d’élèves à réussir, les enseignants doivent être formés à améliorer l’apprentissage de la lecture au cours des premières années d’école. Il est également impératif de rationaliser les programmes scolaires. En attendant, des cours de rattrapage peuvent faciliter l’apprentissage des élèves en difficulté.
5. Promouvoir la contribution des acteurs non étatiques. Il convient d’encourager les acteurs non étatiques à participer à l’élaboration de solutions innovantes pour améliorer l’école, à la recherche de moyens permettant d’éliminer les obstacles à l’entrée, à la conception réfléchie de partenariats public-privé et à l’utilisation de mécanismes souples mais efficaces pour accroître la responsabilité du secteur de l’éducation vis-à-vis des élèves, de l’État et de la société.
Adamou Louché Ibrahim, avec La Banque Mondiale (2014)
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