Le Niger a tout pour réussir

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samedi 13 mai 2017

Misons sur l’innovation pour accroitre l’attractivité et la performance du Niger

« L’innovation est un facteur déterminant de la croissance et des performances de l'économie mondialisée. Elle donne naissance à de nouvelles technologies et de nouveaux produits qui aident à répondre aux enjeux mondiaux comme ceux de la santé ou de l'environnement. En transformant les modalités de production des biens et de prestation des services, elle stimule la productivité, crée des emplois et contribue à améliorer la qualité de vie des citoyens. » (OCDE, 2007)


   Chaque année, l’Indice mondial de l’innovation classe les résultats en matière d’innovation de près de 130 pays et économies du monde entier. Chaque pays est évalué sur la base de 82 indicateurs. Le grand gagnant de l’édition 2016, qui classait 128 économies, est la Suisse, suivie de la Suède, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis et la Finlande. En Afrique Subsaharienne, la première place revient à l’Ile Maurice (53ème) suivie de l’Afrique du Sud (54ème) et du Kenya (80ème). Le Niger arrive à la 124ème place. Dans le même esprit, dans son rapport annuel sur la Propriété intellectuelle, l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI) ne classe le Niger qu’à la 135ème position. S’il y a bien un indicateur complètement objectif qui permet de mesurer l’innovation, c’est le nombre brevets déposés par an.
Le Niger en a déposé 1 brevet en 2016 selon l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle. Soit seize (16) fois moins que Sénégal, considéré comme une référence en matière de nombre de start-ups en Afrique de l’Ouest. Dans tous ces classements économiques, le Niger a toujours du mal à regarder vers l’avenir tandis que ses voisins (Burkina Faso par exemple) ainsi que les pays émergeants jouent de plus en plus la concurrence, l’Inde par exemple qui s’est jetée à fond dans les hautes technologies.
Les raisons de cette contre-performance sont entre autres : le déclin de l’industrie, le manque d’investissement dans la Recherche et Développement (R&D), le système éducatif chancelant ... A cela s’ajoute un glissement progressif des emplois vers les services qui s’est opéré. Et ce secteur demande beaucoup moins de valeur ajoutée et d’innovation.
Plus une nationale est innovante, plus elle devient attractive. Et réciproquement. Or, pour être innovant, un pays doit offrir des conditions favorables au développement de l'innovation, c'est-à-dire attirer un capital humain hautement qualifié, favoriser la production et les échanges de savoirs, stimuler l'entrepreneuriat, etc. Au Niger, les autorités semblent prendre conscience des enjeux autour de ces questions. Comme en témoignent les assouplissements des démarches pour favoriser l’entrepreneuriat ainsi que le soutien sans cesse croissant qu’elles apportent pour stimuler l’innovation observés ces dernières années dans le pays.


SahelInnov : les leçons d'une résurrection !



Résultat de recherche d'images pour "Niger innovation"Non, il n'y a pas lieu de désespérer de tout de notre vieille nation "technologique". Pionnière en matière d'énergies solaires et bien d'autres secteurs durant les années 70-80, puis à l'agonie suite à des mauvais choix opérés ayant accéléré le déclin industriel du pays ; la filière "innovation" nigérienne fait des étincelles, aujourd'hui.                                                           Du 21 au 23 février dernier s’est déroulée au Palais de Congrès de Niamey la première édition du forum SahelInnov, une initiative de l'incubateur CIPMEN et parrainée par Michaëlle JEAN, secrétaire générale de la francophonie.
SahelInnov, qui a réuni quarantaine de jeunes pousses du Sahel, s’est fixé six objectifs :
-           Détecter et vulgariser les innovations à forte création de valeur sociétale et environnementale pour le Sahel
-           Aider au passage à l’échelle des offres et solutions des startups sahéliennes
-           Rédiger la déclaration des startups sahéliennes à l’endroit des autorités afin de promouvoir des écosystèmes propices à l’entrepreneuriat innovant et durable
-           Déployer un programme accélérateur pour les startups les plus prometteuses
-           Créer un cadre d’échanges sur le sahel de demain
-           Promouvoir la collaboration entre les startups et les acteurs de l’écosystème
Cette rencontre a permis d’accompagner la dynamique des Startups Sahéliennes. Elle a permis également de promouvoir celles misant sur l'innovation, dans divers secteurs de nos économies. SahelInnov entend ainsi redonner au Sahel, et particulièrement au Niger, son image de vitrine technologique perdue il y'a belle lurette.
Des Nigériens si Innovants !
Les deux exemples ci-dessous illustrent le type de technologies en cours d’élaboration par de nigériens pour relever les défis environnementaux locaux. Le premier porte sur un système d’irrigation contrôlé à distance par téléphone portable au Niger : une solution “verte” conçue par Abdou Maman, expert nigérien en technologies de l’information et de la communication et fondateur de « Tech Innov », qui permet aux agriculteurs de contrôler leurs systèmes d’irrigation à distance grâce à leur téléphone portable. Et le second, la production d’engrais naturel à partir de jacinthe d’eau : une initiative à fort potentiel et qui participe à la transition vers un modèle économique d’entreprise viable et durable en Afrique.


·        Améliorer les pratiques agricoles



Mamane présentant son oeuvre au Président
 Mahamadou Issoufou  et sa délégation
Crédit  Photo http://www.tele-irrigation.net/
Au Niger, l’agriculture est essentiellement pluviale et donc soumise aux aléas climatiques. Et « la variation cyclique de la pluviométrie induit une forte vulnérabilité de l’économie » (Perspectives économiques en Afrique, 2016). Cette période est en d’être révolue. Puisque, grâce au système de télé-irrigation ( d’Abdou Maman, les agriculteurs nigériens et leurs homologues africains « peuvent contrôler leurs systèmes d’irrigation à distance de tout lieu et à tout moment. Ils régulent le débit de l’eau grâce à leur téléphone, et peuvent aussi collecter et partager des données météorologiques et hydrologiques en temps réel et à distance, notamment au sujet de la température, de la teneur en eau du sol, des précipitations, du rayonnement solaire et de la force du vent. Le système comprend une station solaire ou éolienne, un mécanisme de pompage (pompe solaire), un réseau de distribution d’eau standard et du matériel de télécommunications pour en assurer la synchronisation. Il devrait améliorer la productivité agricole et la gestion de l’eau en Afrique. Il rendra également l’agriculture plus attractive pour les jeunes, contribuera à accroître le taux de pénétration des téléphones mobiles, générera davantage de trafic pour les opérateurs et déchargera les jeunes filles de la corvée d’eau, leur donnant ainsi du temps pour aller à l’école ». (OMPI Magazine, 2016).                                        Aujourd'hui, 200 exploitations du pays en sont équipées. Toutes ont augmenté leur rentabilité.  A titre d’illustration, « l'exploitation de Goubé se trouve à 40 km de Niamey. Nous y avons trouvé un terrain glacis. Les femmes n'y avaient qu'un seul puits où elles allaient chercher l'eau toute la journée. Chacune n'exploitait que 2 m2. Avec notre système, elles ont toutes pu augmenter leur surface cultivée jusqu'à 33 m2. Elles gagnent en moyenne 1 750 francs CFA par semaine. Avant elles ne gagnaient même pas ça en un mois. (Abdou Mamane Kane, CEO de « Tech Innov »).                                               A travers cet exemple, on voit bien que cette technologie, fondée sur la téléphonie mobile, présente un fort potentiel pour favoriser une utilisation plus efficace des ressources naturelles. Si elle se vulgarise, se démocratise, elle devrait permettre d’inverser la tendance : offrir de rendements agricoles satisfaisants, surtout quand on sait que l’agriculture continue d’être le moteur de la croissance du pays.


·        Dépolluer le fleuve Niger en produisant engrais et électricité


On doit cette innovation à l’ingénieure nigérienne, Mariama Pety, pendant ses études en ingénierie de l’eau et de l’assainissement au l’Institut 2iE au Burkina Faso.                                           À partir de jacinthe d’eau, plante nuisible à la biodiversité aquatique qui prolifère à la surface du fleuve Niger et de quelques cours d’eaux du pays, « Jacigreen », la société fondée par Mariama Pety, produit un engrais naturel. Le processus se fait par compostage, qui produit un biogaz récupéré en énergie électrique.                                                                                 Jacigreen, initiative eco-innovante, entend ainsi contribuer à l’assainissement de l’environnement et à la promotion d’une agriculture durable tout en comblant le déficit énergétique avec une énergie propre.                                                                                               
Méconnus du grand public il y'a quelques années, Abdou Maman, Mariam Pety ne cessent de s'illustrer grâce à leurs innovations dans de compétitions nationales, régionales, voire internationales. Dernier exemple en date, le premier a été honoré le 12 avril 2015 en Corée du Sud à la cérémonie d'ouverture du 7ème Forum Mondial de l'Eau qui se déroule tous les 3 ans par un prix, un trophée et un certificat. La seconde a remporté le Prix de l'entreprenariat féminin de la Secrétaire Générale de la francophonie Michaëlle Jean. Succès qui serait imputable, en partie, à une prise de conscience des pouvoirs publics pour "créer environnement favorable à l'éclosion d'une économie numérique nationale inclusive et compétitive" (Issoufou Mahamadou).

De ces bonnes nouvelles, on peut tirer quelques leçons :  la première tient à l'importance que l'on doit accorder à nos talents. Eh oui. Notre pays regorge de nombreuses forces vives qui font chaque jour preuve d’une ingéniosité́ remarquable pour relever de nombreux défis tels que le changement climatique ou de la dégradation des terres. La seconde conforte l’esprit d’entreprise qui anime les jeunes Nigériens, lesquels utilisent les nouvelles technologies pour améliorer le quotidien de la population dans divers secteurs. Tous ces talents méritent une place de choix et un meilleur accompagnement pour redonner à notre pays sa place d'antan. Il y a lieu de saluer au passage la décision de l’État du Niger « d'accorder à Tech-Innov Sarl le bénéfice du code des investissements par arrêté interministériel n° 017/MM/DI/M/F du 11/02/2014. Par cet arrêté Tech-Innov est exonéré pour les 5 ans à venir des droits et taxes perçus par l’État y compris les droits des douanes ». Enfin, comme le disait déjà Schumpeter au début du 20ème siècle, l’innovation passe par les entrepreneurs. Il convient de remettre les entreprises et l’initiative privée et l’importance du capital humain et de sa formation au centre des stratégies d’innovation au niveau national. 

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