L'Enseignement du Chinois (Le Mandarin) au Niger : un atout pour l'avenir

Le Niger est un carrefour où plusieurs langues, certaines bénéficiant d’un statut international, se côtoient. Inutile de rappeler que notre pays est Francophone. Et que le Français est une langue que nous avons héritée de la colonisation. L’Arabe, quoique enseigné dans certaines écoles primaires notamment les Medersas, ne suscite pas autant d’engouement chez la plupart des élèves. L’Anglais, quant à lui, se découvre à partir de la classe de 6ème au collège, du moins pour la majorité des scolaires Nigériens. L’apprentissage de l’Anglais est très recommandé puisque, actuellement, c’est la langue du Business et donc plus dominante à travers le monde.

Aujourd’hui, le fait de se contenter uniquement d’une de ces langues semble révolu. Devenir polyglotte, c’est-à-dire être capable de parler plusieurs langues, représente un avantage majeur. En voici, d’ailleurs, quelques avantages, recensés par ESL Séjour Linguistique, inhérents à l’apprentissage d’une ou plusieurs langues étrangères:

- Les compétences linguistiques sont une source d’opportunités professionnelles et une condition pour des relations internationales réussies.

- Parler une langue étrangère, c’est gagner de l’indépendance, apprendre à s’adapter, se forger des opinions. De quoi faire face avec confiance à tout nouveau défi !

- Les langues permettent de lire, regarder, écouter et profiter des médias étrangers. Elles « ouvrent nos yeux » à différentes visions du monde et nous offrent d’innombrables possibilités.

- En apprenant une langue étrangère, on lance un défi à son cerveau et améliore sa capacité à assimiler de nouvelles connaissances.

Depuis quelques temps, une autre langue vient de faire son entrée dans le cercle très fermé des langues utilisées dans les milieux des affaires : Le Mandarin ou plus connu sous l’appellation « Chinois ».

La raison ? La Chine est aujourd'hui la deuxième puissance économique mondiale derrière les Etats-Unis d’Amérique ; et s’apprêterait même à prendre la première place dès 2014 à ces derniers selon les dernières prévisions du FMI ; au 1er rang mondial en exportation de marchandises et quatrième investisseur mondial avec plus de 84 milliards de dollars américains en 2012 (CNUCED, 2013). A ce rythme, la langue chinoise qualifiée de "langue rare" voire de "phénomène de mode" serait donc appelé à jouer un rôle important à l'ère de la mondialisation (Joël Bellassen, 2012). Alain Coine (2012) (conseiller du commerce extérieur responsable de la zone Asie-Pacifique en France), affirme qu’avec le chinois dans votre bagage, vous aurez un atout extraordinaire. Ainsi, l’apprentissage du chinois serait donc un vrai plus pour une carrière tournée vers l'international.

Partant de ce constat, je me suis poser la question suivante : Pourquoi ne pas enseigner le Mandarin, à coté de l’Arabe et de l’Anglais dans les écoles nigériennes?

Le Niger est un membre de l’Organisation Mondiale du Commerce depuis le 1er Janvier 1995. Cela fait de lui automatiquement un pays ouvert et acteur de la mondialisation, donc impliqué dans les échanges commerciaux au niveau mondial.

D’ores et déjà, la Chine coopère avec le Niger dans plusieurs domaines : militaires, économiques…. et entretient des relations diplomatiques fortes. Et, à l’instar des autres pays d’Afrique, notre pays a bénéficié durant ces dernières décennies d’importants investissements chinois. Nous avons en mémoire :

- L’exploitation du pétrole d’Agadem, la construction de la Raffinerie de Zinder (SORAZ)

- L’engagement du groupe pétrolier chinois CNPC à investir 100 milliards de F CFA dans la construction d'infrastructures routières reliant le Niger au Tchad, annoncé en octobre 2013 (Reuters)

- La signature récemment d’un prêt entre le gouvernement nigérien et une banque privée chinoise’ EXIM BANK,’’ d’un milliard de dollars, on se rappelle, qui a défrayé la chronique au Niger.

- Les échanges commerciaux entre la Chine et le Niger qui ont enregistré une hausse de 35,5% en 2012, selon un Conseiller à l’Ambassade….

Ces quelques exemples illustrent réellement la volonté du Niger et de la Chine à renforcer leur coopération économique et commerciale afin de réaliser des profits mutuels.

Si notre pays exprimait à présent sa volonté d’adopter le Mandarin, à mon avis, cette requête serait perçue favorablement par l’Empire du milieu et l’Etat Nigérien pourrait être accompagné dans ce processus. Certains diront que l’apprentissage du Chinois dans nos école s’apparenterait à du Colonialisme. Loin de là ! Ce serait plutôt une façon de rendre plus compétitif nos compatriotes en termes de carrière professionnelle au niveau international (surtout), renforcer les liens culturels avec la Chine, économiques : bien négocier les contrats avec nos partenaires Chinois et tirer ainsi profit du dynamisme de leur économie (via l’intensification de leurs investissements dans notre pays).

Les investissements (physiques pour la plupart) de la Chine dans notre pays ont nécessité la venue des ingénieurs Chinois sur notre territoire, et nous sommes nombreux à les croiser dans nos rues. Il est indéniablement et universellement admis que pour réussir une intégration dans une société au monde, il faudrait apprendre sa langue. Pouvoir communiquer également avec les locaux est le remède le plus efficace contre le choc culturel. Et ça, les Chinois l’ont bien compris. Cela peut paraitre surprenant mais, ils sont de plus en plus nombreux à utiliser nos dialectes : Hausa, Zarma, etc., même si l’accent reste à désirer ! Curieusement, cette attitude n’est pas réciproque. Nombreux sont les Nigériens qui côtoient les Chinois, pour des raisons professionnelles ou autres. Mais rares parmi nos compatriotes ne font l’effort d’apprendre la langue de nos hôtes pour mieux les cerner et découvrir davantage leur culture. Or, cela peut être un atout considérable compte tenu des avantages cités plus haut. En outre, on se souvient tous des récentes tensions relatées par les médias de la place et qui ont altéré un moment la cohésion à l’intérieur de la SORAZ. On pouvait imaginer que si nos cadres parlaient chinois, la communication entre les nigériens et les Expatriés Chinois seraient plus fluides et donc moins de tension à l’arrivée.

Le Mandarin étant une langue d’avenir, nos autorités compétentes devraient penser à prendre de l’avance sur nos voisins en l’enseignant, en marge de l’Anglais, et de l’Arabe dans notre cursus scolaire.