« Le prix des choses ne dépend pas de
leur utilité intrinsèque, mais de l’offre et de la demande. »(Thomas
Robert Malthus, Principes d’économie politique, 1820).
Le mois de Ramadan représente un moment
spécial dans la vie des musulmanes. Il symbolise également le partage et la bienfaisance,
des valeurs chères pour cette communauté. Mais, à la veille de ce grand rendez-vous
cultuel, un phénomène s’annoncerait comme un trouble-fête : l’envolée spectaculaire des prix de denrées
alimentaires. Plus besoin de statistiques pour s’en apercevoir. C’est ce constat
qui nous a motivé à apporter une réponse « rationnelle » à cette
« étrange » situation.
En temps normal, les prix et les quantités de
produits achetés et vendus sont déterminés sur les marchés libres. Or, le Ramadan
bouleverse nos habitudes de consommations et nous pousse à dépenser et
consommer davantage : le budget
journalier de courses pourrait se multiplier par deux, voire plus. Ce budget
est essentiellement alloué aux dépenses
alimentaires : achat de viande, fruits & légumes…. En outre, plus de 70%
des ménages nigériens feraient leurs courses à quelques jours (une semaine pour
les plus prévoyants) de Ramadan. Cela entraîne une ruée vers les produits
alimentaires et leur demande explose au point d’excéder leur offre. Résultat,
une grande partie de la demande n’est pas satisfaite. Les consommateurs
nigériens sont prêts à payer plus cher pour être servis.
En conséquence, tant que la demande est
supérieure à l’offre sur le marché, il y a des pressions à la hausse sur le
prix de ce marché. La note de conjoncture de l’Institut Nationales de la
Statistique (INS)(Juillet, 2014) de l’époque confirmait bien cette tendance : poissons frais (+15,6%), les autres fruits
frais (+14,9%), les autres matières grasses (+6,9%), les pâtes alimentaires
(+5,8%), les viandes (+2,9%), les huiles (+2,6%), les pains (+2,5%), les
pâtisseries, gâteaux, biscuits et viennoiseries (+2,4%), les condiments (+1,8%),
le café, thé, cacao et autres végétaux pour tisanes (+1,5%), les céréales non
transformées (+1,2%) et les autres conserves de poissons (+0,9%) : c’est
« l’effet Ramadan ». Puis, l'indice Harmonisé des prix à la
consommation (IHPC), qui est « l'instrument
de mesure de l'inflation. Il permet d'estimer, entre deux périodes données, la
variation moyenne des prix des produits consommés par les ménages. C'est une
mesure synthétique de l'évolution de prix des produits, à qualité
constante » (INSEE) (voir notre graphique),
permet d’avoir aussi un aperçu de cette évolution.
Au-delà de cette augmentation « naturelle »
des prix, certains commercent profiteraient de l'occasion pour augmenter
artificiellement et de façon déraisonnable les leurs ainsi que leurs marges. Ce
qui peut paraître indécent au vu des vertus et les valeurs que véhicule le mois
de Ramadan. Si cette hausse fait le bonheur des
commerçants, elle l’est moins pour les plus défavorisés qui représenteraient
50% de la population nigérienne. Et, compte tenu
de l'opacité qui règne dans la formation des prix de ces denrées alimentaires :
absence de contrôle…., toute action du gouvernement visant à les encadrer, via une baisse
temporaire des taxes (TVA par exemple), aurait un impact limité. Le salut des ménages
viendrait donc de la clémence de certains commerçants. A moins que l’Etat
perpétue également la tradition de la vente à prix modérés.
Pourtant, on pouvait éviter cette pénurie, si
nos commerçants et producteurs locaux étaient prévoyants. A titre d’exemple et
de comparaison, les magasins et producteurs de jouets se préparent trois, voire
quatre mois, à l’avance pour faire face au grand rush de fêtes de fin d’années
dans les pays occidentaux. Nos commerçants n’ont donc pas d’excuses.
Enfin, il serait important de souligner que
la forte consommation des ménages permettra à notre économie de connaitre une
légère embellie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire