L’Article
146 de la Constitution nigérienne stipule que « l’action de l'Etat en matière de politiques de développement économique et
social est soutenue par une vision stratégique. L'Etat fait de la création des
richesses, de la croissance et de la lutte contre les inégalités un axe majeur
de ses interventions. Les politiques publiques doivent promouvoir la
souveraineté alimentaire, le développement durable, l'accès de tous aux
services sociaux ainsi que l'amélioration de la qualité de vie ». Sur
le terrain, la situation reste très préoccupante. Comme en témoigne la place
peu envieuse du pays en termes de classement IDH 2018 : 189ème sur les 189
pays retenus dans l’édition 2018 du PNUD. Autrement dit, à l’échelle de la
planète, le Niger demeure le pays où la population bénéficie le moins de bonne
qualité de vie ou synonyme de dégradation des conditions de vie dans le pays
! Ce mauvais classement illustre également l’incapacité de nos autorités à
répondre de manière efficace aux besoins les plus élémentaires et sans cesse
croissants d’une frange non négligeable de la population. Pour pallier ces
manquements, d’autres acteurs, locaux ou internationaux, interviennent depuis
des années, dans le pays, pour compléter l’offre étatique en termes d’accès à
certains services sociaux essentiels.
Le
rôle incontournable des ONG pour répondre aux besoins des populations
vulnérables dans les pays en développement
Le
terme Organisations Non Gouvernementales
(ONG) apparaît pour la première fois dans l’article 71 la Charte des Nations Unies en 1946, et supplante l'expression AI
(association internationale),
couramment utilisée dans les années 1930. Pour autant, il n'existe pas véritablement de définition et de statut international des O.N.G., chacune d’entre elles étant rattachée juridiquement à leur pays de naissance. Néanmoins, on retient généralement la définition du spécialiste des relations internationales Marcel Merle (1923-2003) : est considéré comme une O.N.G. « tout groupement, association ou mouvement constitué de façon durable par des particuliers appartenant à différents pays en vue de la poursuite d'objectifs non lucratifs » (Dictionnaire Larousse). L’intervention croissante des ONG dans le processus de développement et l’évolution des sociétés, tout particulièrement dans les pays en développement, est un fait aujourd’hui largement reconnu.
couramment utilisée dans les années 1930. Pour autant, il n'existe pas véritablement de définition et de statut international des O.N.G., chacune d’entre elles étant rattachée juridiquement à leur pays de naissance. Néanmoins, on retient généralement la définition du spécialiste des relations internationales Marcel Merle (1923-2003) : est considéré comme une O.N.G. « tout groupement, association ou mouvement constitué de façon durable par des particuliers appartenant à différents pays en vue de la poursuite d'objectifs non lucratifs » (Dictionnaire Larousse). L’intervention croissante des ONG dans le processus de développement et l’évolution des sociétés, tout particulièrement dans les pays en développement, est un fait aujourd’hui largement reconnu.
Les ONG jouent un rôle prépondérant
pour répondre aux besoins des populations vulnérables, elles vont là ou
d’autres acteurs ne vont pas et soutiennent l’émergence de société civile
forte. Au Niger, comme dans la plupart des pays en voie de développement, les
ONG, dont le nombre est estimé aujourd’hui à plus de 2500 (contre 60 en 1990), constituent
une composante importante de la société civile intervenant de façon très active
dans l’appui au développement économique et social du pays. En effet, leurs
investissements se chiffreraient, de nos jours, à plus de 80 milliards de
francs CFA (122 millions d'euros), contre 7 milliards en 1990. Les trois quarts
(3/4) de ces investissements sont affectés dans quatre secteurs clés, à savoir
la « Santé », la « Sécurité alimentaire et nutritionnelle »,
« l’Eau, l’Hygiène et l’Assainissement » et enfin « l’Éducation ».
Le
financement des ONG
Pour remplir pleinement
leurs missions, les ONG ont besoins de financements importants. Elles
rivalisent d’imaginations pour le trouver. D’une part, en faisant appel à la
générosité du public pour constituer des fonds propres. D’autre part, en sollicitant
des financements des administrations compétentes ou des institutions
internationales, à l’image de l’Union Européenne. Ces deux démarches, pour ne citer
qu’elles, implique de la part des ONG un gros travail, lequel s’est
professionnalisé ce dernier temps grâce notamment à des techniques utilisées
dans le Marketing et la production des rapports d’activité répondant à des
exigences rigoureuses. C’est ainsi que ces organismes arrivent chaque année à
mobiliser de sommes importantes nécessaires à leur fonctionnement.
Les
ONG comme un moyen d’ingérence, voire d’influence
Comme
évoqué ci-dessus, les ONG ont acquis un rôle important dans la coopération au
développement et l’aide humanitaire des pays occidentaux particulièrement, en
mettant en œuvre leurs propres programmes et en réalisant – en tant que mandataires – des programmes de la
coopération de leurs pays
d’origine. Chose qui peut s’interpréter comme de l’ingérence. Elles occupent également
une place importante dans l’information du public sur les problèmes de
développement et en analysant de façon critique la politique extérieure de leur
pays d’origine à l’égard des pays en développement, en relevant notamment des
manques de cohérence entre une politique fondée sur la solidarité et certains
intérêts économiques à court terme. De nombreux pays occidentaux s’appuieraient
sur des ONG pour défendre leurs intérêts.
La
nécessité d’assainir un secteur miné par de l’opacité
Bien
que mise en avant lors que des campagnes de collectes de dons, la transparence
dans la gestion des ONG pose souvent question. De nombreuses études font état,
en effet, des nombreuses irrégularités dans leur fonctionnement, notamment en
Afrique. « Bien souvent les vrais
destinataires ne voient même pas la couleur des fonds qui servent à acheter des
grosses cylindrées et des maisons de luxe ». Cette phrase d’un
représentant d'une institution financière internationale à Niamey, pour ne
citer que celle-ci, illustre parfaitement le doute autour de la gestion de
certaines ONG. Il est souvent reproché à ces dernières, à raison, de détourner des
fonds destinés aux sinistrés. Certaines ONG Internationales brillent,
malheureusement, dans les malversations financières, détournements de fonds,
escroquerie, blanchiment d’argent… A cela, s’ajoutent souvent quelques
anomalies comptables (ces quelques exemples sont à retrouver dans le rapport d’information
N°46, publié par le Sénat Français en 2006) :
- -
Les
dépenses des structures décentralisées : Les
pièces ne sont pas ou mal contrôlées : contrôles assez superficiels des
commissaires aux comptes locaux, absence d’audit approfondi par les structures
centrales des ONG pour les projets de taille réduite ou moyenne, paiement de
prestations intellectuelles sans assurance de la matérialité du service fait et
trop fondé sur la confiance.
- -
Les
frais de mission et l’utilisation à titre privé de matériels : Les
frais de mission « ne sont pas toujours encadrés par des textes, la plupart des
missions ne sont pas motivées et les pièces justificatives ne sont pratiquement
jamais jointes ». Rares sont les ONG qui ont établi un système de contrôle des
comptes de leurs antennes locales leur permettant de détecter les anomalies et
fraudes. La Cour des comptes [française] a relevé plusieurs cas équivoques de
remboursements de frais ou de retraits significatifs de fonds sans justificatifs.
- - Etc.
Afin
« d’assainir » le secteur, le gouvernement nigérien a prévu de
préparer un texte juridique spécifique aux ONG sur les règles d'intervention.
Ce texte devrait contraindre toutes les ONG exerçant sur le territoire national
de déposer un rapport d'activités annuel. Selon le site d’information Le
Sahel : « en 2017, sur un
effectif de 2735 ONG et Associations de Développement agréées, 653 ont déposé
leur rapport annuel d'activités soit un taux de 24% ». Autant dire,
qu’il y a « du pain sur la planche ». Le gouvernement doit accentuer
la pression sur ces organismes pour renforcer leur transparence.
La
présence massive des ONG dans un pays est synonyme d’un Etat qui s’affaiblit
Les
interventions des ONG, se caractérisant essentiellement par des actions
humanitaires, sont certes motivées par le geste de solidarité vis-à-vis
d’autrui. Comme en témoigne les propos
de Sylvie Brunel : « l’humanitaire
est pour moi l’humanisme concrétisé au travers d’un geste de secours et
d’altruisme envers son prochain. C’est l’humanisme incarné dans la main tendue,
dans un geste de solidarité ». Si au Niger, le contexte sécuritaire fragile avec son corollaire
d’interventions humanitaires « justifie » souvent la présence massive des
ONG internationales dans le pays, cependant, certaines de leurs interventions ont
tendance à se pérenniser, voire se substituer aux actions gouvernementales ou
politiques publiques visant à offrir de meilleurs conditions de vie à la
population. Entre 1990 et 2017, le nombre d’ONG et AD officiant sur le territoire
a été multiplié par 45 (sur la même période, la PIB du pays n’a été multiplié
que par quatre (4) (données La Banque Mondiale)). Un chiffre qui devrait
inquiéter car synonyme du désengagement des pouvoirs publics des secteurs
importants. Sans oublier que « la
montée en puissance des ONG, leur importance institutionnelle grandissante,
leur diversification organisationnelle, l’éventail de leurs activités qui ne
cessent de s’élargir et de se modifier, ne manquent pas de poser nombre d’interrogations
en termes d’enjeux politiques et géographiques, économiques et sociologiques,
intellectuels et opérationnels » (Jean-Paul Deler,1998). Dans ces
conditions, on peut naturellement s’interroger sur la « solidité » de
la souveraineté nationale.
Il convient également
d’évoquer le risque de « léthargie » au niveau de l’action
gouvernementale que peuvent provoquer les interventions des ONG, si elles
venaient à s’inscrire dans la durée. Certains gouvernements peuvent, en effet,
se soustraire de certaines de leurs missions régaliennes. Autrement dit,
certaines interventions d’ONG permettent aux gouvernants d’être moins attentifs
aux besoins de la société. Le raisonnement est simple : les familles qui bénéficient
de ces interventions sont moins exposées aux chocs et moins enclines à réclamer
une inflexion de la politique gouvernementale ; les gouvernants quant à eux se
sentent moins obligés de rendre des comptes à leurs citoyens. Ce, malgré de
moyens colossaux à leur disposition. Comme le souligne Sylvie Brunel : « on ne peut prétendre résoudre par des
solutions humanitaires des problèmes qui relèvent d’un traitement politique,
économique et social. Actuellement, l’humanitaire est devenu, il est vrai, un
peu la bonne à tout faire que l’on peut utiliser au lieu de poser les vrais
problèmes ». Rappelons qu’au Niger, même si les défis restent immenses, de nombreux talents, savoir-faire…, existent déjà. Il
faudrait, à présent, redoubler d’efforts pour créer, améliorer les conditions
leur permettant d’exprimer leur plein potentiel. Cela suppose de leur apporter des techniques,
ainsi que les moyens financiers et matériels nécessaires à la mise en œuvre de leur
savoir. L’objectif étant de former davantage nos concitoyens dans divers
domaines et tendre vers l’autonomie. L’autonomie qui engendrerait la formation
un cercle vertueux de création de richesses à travers le pays. Plutôt que le
système actuel, lequel les maintiendrait plus dans la dépendance !
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