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Zinder Sabuwa : Le Stade de Zinder a été rénové à l'occasion du 18 décembre 2018. |
Pour que la réussite soit
au rendez-vous,
les villes accueillant cet événement bénéficient d’importants
investissements dans la rénovation des infrastructures existantes, voire la construction
de nouvelles. A l’instar des villes ayant précédemment abrité l’événement, la
capitale du fleuve devrait bénéficier d’un programme triennal. « Pour
l’année en cours, la priorité est accordée à un certain nombre
d’infrastructures essentielles aux festivités du 18 décembre 2019 et qui
contribueront sans aucun doute à la transformation de la commune urbaine de
Tillabéri » (Le Sahel). Ainsi, Tillabery aura la construction de la voirie
urbaine et des infrastructures d’assainissement, des résidences d’hôtes, de la
tribune officielle, l’aménagement des carrefours et l’installation de
l’éclairage public, la réhabilitation des infrastructures socioculturelles et
sportives comme le stade régional (…).
Dans cet article, notre
réflexion consiste à montrer l’intérêt de rénover, voire de construire des
infrastructures sportives pour redynamiser l’activité sportive, tout en
favorisant l’économie du sport.
Le sport a un poids
économique non négligeable et grandissant
L'économie du sport représente un enjeu grandissant, tant sur le
plan de la création de richesses, que sur celui des externalités positives
(santé, inclusion sociale, etc.) ou négatives (dopage, corruption, atteintes à
l'environnement, etc.) que cette économie génère (https://www.lecese.fr/). Important, le poids économique du sport est aussi grandissant. Le
secteur du sport génère 2 % environ du PIB mondial (près de 1200 milliards
d'euros) avec une croissance moyenne de 4 % par an. Ce marché intègre à la fois
la production industrielle, la part des collectivités, la consommation des
ménages et le sport business (sponsoring, droits médias, billetterie et
merchandising) qui dépasse aujourd’hui les 100 milliards d'euros.
L’amour des nigériens
vis-à-vis du sport reste sans doute immense. La place du sport au Niger n’a
cessé de s’affirmer depuis les indépendances des années 1960. Nonobstant, il n’existe pas de statistiques officielles sur la dépense
sportive au Niger. Il ressort, cependant, de nos observations une croissance
dynamique du secteur. Comme en témoignent les investissements réalisés par les
pouvoirs publics pour réhabiliter les infrastructures sportives, les achats de
biens (vêtements, chaussures, vélo, etc. ; souvent issus de la contrefaçon,
les ballons… même si l’essentiel de ces produits est importé), et de services
-licences, cotisations, cours des arts martiaux, accès aux équipements et aux spectacles,
la billetterie….De ce fait, le sport n'est pas uniquement une affaire privée,
et les pouvoirs publics s'y sont toujours intéressés. Au Niger, à l’image de
nombreux pays africains, ce sont les pouvoirs publics qui financent les
activités physiques et sportives poursuivant directement ou indirectement des
objectifs d'intérêt général. Pour 2020, le gouvernement prévoit d’allouer la
somme de 1 024 460 919 Fcfa pour le développement du sport et des
infrastructures sportives. Une dotation en légère baisse par rapport à celle de
2019, qui s’est établie à 1 775 744 095 Fcfa. Ce, en dépit de la
démographie galopante, vecteur d'accroissement de la population des jeunes Une
multitude d'organisations de tailles diverses (clubs, entreprises, etc.) y
participent également de manière non négligeable, et concourent donc, avec les
pouvoirs publics, à l'économie du sport.
Le rôle important des
infrastructures sportives
Les
infrastructures sportives constituent un levier essentiel pour la mise en œuvre
du droit à l’exercice du sport et un outil de choix pour la promotion de
l’éducation sportive. Elles offrent aux élites nationales les conditions de
réussite lors des différentes manifestations internationales (Cour des Comptes
Française, 2006). Conscientes de cela, les autorités du pays ont rénové et
construit plusieurs infrastructures sportives. A cela s’ajoute la mise en place
d’une stratégie œuvre d'une stratégie de développement du sport, qui se décline
sous forme diverses forme. Par exemple, on peut citer les mesures
d’accompagnement permettant de mieux préparer les athlètes du pays. Cette
politique commence à porter ses fruits, puisque le pays continue de s’illustrer
dans des compétitions internationales. Après le sacre de Abdoul Razak Issoufou
Alfaga (Médaille d’or des + de 87 kg) aux championnats du monde de Taekwondo
Muju 2017, c’est autour de Marahana M Tidjani (-55kg) de remporté l’or lors de
l’Open de Croatie en novembre 2019. Une façon de montrer que le Niger regorge
d’athlètes pouvant rivaliser avec leurs homologues du monde entier. L’organisation
récente et réussie de la coupe d’Afrique de football U17 à Niamey prouve
également à quel point le Niger peut relever de tels défis, avec une forte
implication de la population et des autorités. Ce qui lui offrirait donc la
possibilité de postuler pour l’accueil des compétions majeures comme la CAN
senior.
Par ailleurs, le peu
d’infrastructures sportives existantes doivent être gérées de manière optimale
pour garantir dans la durée une meilleure préparation de nos sportifs. Ce qui
suppose de repenser l’exploitation des infrastructures sportives dans le pays
et de les doter d’un système de gestion et d’entretien permanent. Car,
actuellement, de nombreuses municipalités, fédérations… ne s’acquittent pas du
rôle qui leur est imparti en matière d’entretien, en raison, notamment, de la
modestie de leurs ressources humaines, financières et matérielles. Il s’en suit
très souvent et malheureusement une dégradation de la situation de ces installations.
Conscientes de ce problème, les autorités ont renforcé le cadre institutionnel,
avec l’adoption en Conseil de Ministres des textes portant création du Conseil
National des Activités physiques et sportives, du statut type des fédérations
sportives nationales, de la Commission nationale du sport de haut niveau. Le
projet de loi portant création d’un fonds national de développement de sport
est introduit dans le circuit d’adoption. Son adoption et sa mise en œuvre
permettront le règlement définitif du sempiternel problème de financement du
sport.
Promouvoir le
sponsoring sportif
Comme évoqué
plus haut, le sport est essentiellement financé par les pouvoirs publics dans
le pays. La justification de l'investissement public dans le sport tient à la
fois aux bienfaits de la pratique sportive pour la société. Or, la
détérioration de la situation sécuritaire dans la région a conduit les
autorités à privilégier la Sécurité, ainsi que les secteurs sociaux, à l’image
de l’Education et la Santé, au détriment du reste. Le sport, l’un des parents
pauvres des politiques publiques depuis des décennies, risquerait encore d’en
pâtir de ces choix : les dépenses pour le « développement des
infrastructures sportives » devraient représenter 0,045% du budget de
l’Etat en 2020, contre 0,086% en 2019. D’où la nécessité de trouver un bon
équilibre entre financements publics et financements privés. Ce qui supposera
de créer les conditions permettant le développement du sponsoring sportif et la
participation du secteur privé dans le financement de certaines infrastructures
sportives dans le pays.
Le sponsoring
sportif est un soutien financier ou matériel apporté à un événement, une
fédération, une équipe sportive ou un sportif par un partenaire annonceur en
échange de différentes formes de visibilité et de collaborations (marketing.com).
Nous avons de nombreuses marques pouvant utiliser le sponsoring sportif et
profiter de la visibilité de l’événement (le football, le taekwondo,
l’athlétisme…) ou du sportif en termes d’exposition médiatique.
Promouvoir les métiers du
sport
De nos jours, lorsqu’on
pense métiers du sport, on imagine volontiers le professeur d’éducation
physique et sportive (EPS). On pense moins au vendeur d’article de sport, à
l’ergonome, ou à la comptable du club de Taekwondo du quartier, même si c’est
quasi inexistant au Niger. Et pourtant, au vu du stade de développement du
Niger, le potentiel en matière de création emplois du sport reste considérable.
Ce qui suppose la mise à la disposition de l'I.N.J.S. par exemple des moyens matériels
et financiers nécessaires à l'accroissement notable des effectifs des élèves
admis dans l'établissement. Car la diversité des métiers du sport répondra dans
un futur proche à celle des pratiques et des publics.
Avec la démocratisation
de l’activité physique et sportive, le développement du sport bien-être et des enjeux
de santé publique, nous pensons qu’il faudra engager rapidement de réflexions
collectives pour proposer une vision renouvelée des métiers du sport et penser
concrètement l’offre de formation proposée au sein de l’INJS et les besoins en
compétences de la filière. L’ouverture récente d’une une filière master 1 et
master 2 au sein de cet établissement afin de renforcer les capacités des
ressources humaines du secteur, même s’il faut aller loin dans les réformes.
Au
vu de qui précède, les fêtes tournantes représentent l’occasion d’aménagement
des villes, d’effervescence. Le fait d’équiper les villes, et par ricochet le
pays, d’infrastructures sportives, et particulièrement de stades susceptibles
d’accueillir des événements sportifs de haut niveau, à l’image la Coupe
d’Afrique des Nations (CAN) ou des compétitions d’athlétisme, contribuera
indubitablement à donner au Niger une audience qu’il acquière difficilement
dans d’autres domaines.
Le sport reste un outil
national de rayonnement international. Il participe au développement
économique, il est vecteur de croissance. Sans être un levier fondamental, il
est un levier d’importance que nous aurions tort de négliger pour la création
de richesses mais aussi et surtout pour les avantages annexes qu’il procure
(Unaf). Notre attitude à l’égard du sport doit évoluer de telle sorte que cet
enjeu bien réel pour notre économie et notre influence soit portée et maîtrisée.
Les acteurs publics opérant sur ce sujet doivent agir rassemblés pour entraîner
les acteurs privés associatifs ou économiques, former une véritable « équipe »
et ainsi contribuer à différents niveaux et de façon significative au
développement du Niger.
@ibrahimlouche
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