Le Niger a tout pour réussir

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samedi 11 janvier 2020

Niger : Faire des fêtes tournantes comme un catalyseur de l’économie du sport


 
Zinder Sabuwa : Le Stade de Zinder a été
rénové à l'occasion du 18 décembre 2018.
Après Zinder « Sabuwa » en 2018, c’est autour de Tillabéry d’abriter les festivités du 61ème anniversaire de la proclamation de la République, le 18 décembre prochain. Pour 2019, la fête tournante, dont la célébration s’intitule « Tillabéri Tchandalo », continuera de traduire la volonté du Président de la République, S.E. Issoufou Mahamadou, de rendre les villes du pays davantage modernes et attrayantes. En effet, « la modernisation des villes est un volet essentiel inscrit dans le programme de Renaissance du Niger dont l’ambition est la transformation radicale de l’ensemble du pays à travers la réalisation d’infrastructures dans tous les domaines de la vie. [A titre de rappel], cette modernisation des villes suit son cours normal depuis 2014 avec « Dosso Sogha » (…) en passant évidemment par « Maradi Kolliya » en 2015 ; « Agadez Sokni » en 2016 et « Tahoua Sakola » en 2017 » (Le Sahel).
Pour que la réussite soit au rendez-vous,
les villes accueillant cet événement bénéficient d’importants investissements dans la rénovation des infrastructures existantes, voire la construction de nouvelles. A l’instar des villes ayant précédemment abrité l’événement, la capitale du fleuve devrait bénéficier d’un programme triennal. « Pour l’année en cours, la priorité est accordée à un certain nombre d’infrastructures essentielles aux festivités du 18 décembre 2019 et qui contribueront sans aucun doute à la transformation de la commune urbaine de Tillabéri » (Le Sahel). Ainsi, Tillabery aura la construction de la voirie urbaine et des infrastructures d’assainissement, des résidences d’hôtes, de la tribune officielle, l’aménagement des carrefours et l’installation de l’éclairage public, la réhabilitation des infrastructures socioculturelles et sportives comme le stade régional (…).
Dans cet article, notre réflexion consiste à montrer l’intérêt de rénover, voire de construire des infrastructures sportives pour redynamiser l’activité sportive, tout en favorisant l’économie du sport.

Le sport a un poids économique non négligeable et grandissant

L'économie du sport représente un enjeu grandissant, tant sur le plan de la création de richesses, que sur celui des externalités positives (santé, inclusion sociale, etc.) ou négatives (dopage, corruption, atteintes à l'environnement, etc.) que cette économie génère (https://www.lecese.fr/). Important, le poids économique du sport est aussi grandissant. Le secteur du sport génère 2 % environ du PIB mondial (près de 1200 milliards d'euros) avec une croissance moyenne de 4 % par an. Ce marché intègre à la fois la production industrielle, la part des collectivités, la consommation des ménages et le sport business (sponsoring, droits médias, billetterie et merchandising) qui dépasse aujourd’hui les 100 milliards d'euros.
L’amour des nigériens vis-à-vis du sport reste sans doute immense. La place du sport au Niger n’a cessé de s’affirmer depuis les indépendances des années 1960. Nonobstant, il n’existe pas de statistiques officielles sur la dépense sportive au Niger. Il ressort, cependant, de nos observations une croissance dynamique du secteur. Comme en témoignent les investissements réalisés par les pouvoirs publics pour réhabiliter les infrastructures sportives, les achats de biens (vêtements, chaussures, vélo, etc. ; souvent issus de la contrefaçon, les ballons… même si l’essentiel de ces produits est importé), et de services -licences, cotisations, cours des arts martiaux, accès aux équipements et aux spectacles, la billetterie….De ce fait, le sport n'est pas uniquement une affaire privée, et les pouvoirs publics s'y sont toujours intéressés. Au Niger, à l’image de nombreux pays africains, ce sont les pouvoirs publics qui financent les activités physiques et sportives poursuivant directement ou indirectement des objectifs d'intérêt général. Pour 2020, le gouvernement prévoit d’allouer la somme de 1 024 460 919 Fcfa pour le développement du sport et des infrastructures sportives. Une dotation en légère baisse par rapport à celle de 2019, qui s’est établie à 1 775 744 095 Fcfa. Ce, en dépit de la démographie galopante, vecteur d'accroissement de la population des jeunes Une multitude d'organisations de tailles diverses (clubs, entreprises, etc.) y participent également de manière non négligeable, et concourent donc, avec les pouvoirs publics, à l'économie du sport.

Le rôle important des infrastructures sportives

Les infrastructures sportives constituent un levier essentiel pour la mise en œuvre du droit à l’exercice du sport et un outil de choix pour la promotion de l’éducation sportive. Elles offrent aux élites nationales les conditions de réussite lors des différentes manifestations internationales (Cour des Comptes Française, 2006). Conscientes de cela, les autorités du pays ont rénové et construit plusieurs infrastructures sportives. A cela s’ajoute la mise en place d’une stratégie œuvre d'une stratégie de développement du sport, qui se décline sous forme diverses forme. Par exemple, on peut citer les mesures d’accompagnement permettant de mieux préparer les athlètes du pays. Cette politique commence à porter ses fruits, puisque le pays continue de s’illustrer dans des compétitions internationales. Après le sacre de Abdoul Razak Issoufou Alfaga (Médaille d’or des + de 87 kg) aux championnats du monde de Taekwondo Muju 2017, c’est autour de Marahana M Tidjani (-55kg) de remporté l’or lors de l’Open de Croatie en novembre 2019. Une façon de montrer que le Niger regorge d’athlètes pouvant rivaliser avec leurs homologues du monde entier. L’organisation récente et réussie de la coupe d’Afrique de football U17 à Niamey prouve également à quel point le Niger peut relever de tels défis, avec une forte implication de la population et des autorités. Ce qui lui offrirait donc la possibilité de postuler pour l’accueil des compétions majeures comme la CAN senior.
Par ailleurs, le peu d’infrastructures sportives existantes doivent être gérées de manière optimale pour garantir dans la durée une meilleure préparation de nos sportifs. Ce qui suppose de repenser l’exploitation des infrastructures sportives dans le pays et de les doter d’un système de gestion et d’entretien permanent. Car, actuellement, de nombreuses municipalités, fédérations… ne s’acquittent pas du rôle qui leur est imparti en matière d’entretien, en raison, notamment, de la modestie de leurs ressources humaines, financières et matérielles. Il s’en suit très souvent et malheureusement une dégradation de la situation de ces installations. Conscientes de ce problème, les autorités ont renforcé le cadre institutionnel, avec l’adoption en Conseil de Ministres des textes portant création du Conseil National des Activités physiques et sportives, du statut type des fédérations sportives nationales, de la Commission nationale du sport de haut niveau. Le projet de loi portant création d’un fonds national de développement de sport est introduit dans le circuit d’adoption. Son adoption et sa mise en œuvre permettront le règlement définitif du sempiternel problème de financement du sport.

Promouvoir le sponsoring sportif

Comme évoqué plus haut, le sport est essentiellement financé par les pouvoirs publics dans le pays. La justification de l'investissement public dans le sport tient à la fois aux bienfaits de la pratique sportive pour la société. Or, la détérioration de la situation sécuritaire dans la région a conduit les autorités à privilégier la Sécurité, ainsi que les secteurs sociaux, à l’image de l’Education et la Santé, au détriment du reste. Le sport, l’un des parents pauvres des politiques publiques depuis des décennies, risquerait encore d’en pâtir de ces choix : les dépenses pour le « développement des infrastructures sportives » devraient représenter 0,045% du budget de l’Etat en 2020, contre 0,086% en 2019. D’où la nécessité de trouver un bon équilibre entre financements publics et financements privés. Ce qui supposera de créer les conditions permettant le développement du sponsoring sportif et la participation du secteur privé dans le financement de certaines infrastructures sportives dans le pays.
Le sponsoring sportif est un soutien financier ou matériel apporté à un événement, une fédération, une équipe sportive ou un sportif par un partenaire annonceur en échange de différentes formes de visibilité et de collaborations (marketing.com). Nous avons de nombreuses marques pouvant utiliser le sponsoring sportif et profiter de la visibilité de l’événement (le football, le taekwondo, l’athlétisme…) ou du sportif en termes d’exposition médiatique.

Promouvoir les métiers du sport

De nos jours, lorsqu’on pense métiers du sport, on imagine volontiers le professeur d’éducation physique et sportive (EPS). On pense moins au vendeur d’article de sport, à l’ergonome, ou à la comptable du club de Taekwondo du quartier, même si c’est quasi inexistant au Niger. Et pourtant, au vu du stade de développement du Niger, le potentiel en matière de création emplois du sport reste considérable. Ce qui suppose la mise à la disposition de l'I.N.J.S. par exemple des moyens matériels et financiers nécessaires à l'accroissement notable des effectifs des élèves admis dans l'établissement. Car la diversité des métiers du sport répondra dans un futur proche à celle des pratiques et des publics.

Avec la démocratisation de l’activité physique et sportive, le développement du sport bien-être et des enjeux de santé publique, nous pensons qu’il faudra engager rapidement de réflexions collectives pour proposer une vision renouvelée des métiers du sport et penser concrètement l’offre de formation proposée au sein de l’INJS et les besoins en compétences de la filière. L’ouverture récente d’une une filière master 1 et master 2 au sein de cet établissement afin de renforcer les capacités des ressources humaines du secteur, même s’il faut aller loin dans les réformes.
Au vu de qui précède, les fêtes tournantes représentent l’occasion d’aménagement des villes, d’effervescence. Le fait d’équiper les villes, et par ricochet le pays, d’infrastructures sportives, et particulièrement de stades susceptibles d’accueillir des événements sportifs de haut niveau, à l’image la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) ou des compétitions d’athlétisme, contribuera indubitablement à donner au Niger une audience qu’il acquière difficilement dans d’autres domaines.
Le sport reste un outil national de rayonnement international. Il participe au développement économique, il est vecteur de croissance. Sans être un levier fondamental, il est un levier d’importance que nous aurions tort de négliger pour la création de richesses mais aussi et surtout pour les avantages annexes qu’il procure (Unaf). Notre attitude à l’égard du sport doit évoluer de telle sorte que cet enjeu bien réel pour notre économie et notre influence soit portée et maîtrisée. Les acteurs publics opérant sur ce sujet doivent agir rassemblés pour entraîner les acteurs privés associatifs ou économiques, former une véritable « équipe » et ainsi contribuer à différents niveaux et de façon significative au développement du Niger.
@ibrahimlouche


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