Création d'entreprise : Jeunesse du Niger, et si tu te lançais?

Aujourd’hui, le rêve de la majorité des Jeunes diplômés ou Scolaires Nigériens est d’ intégrer la fonction publique, les ONG ou autres entreprises privées de la place une fois leur cursus scolaire/universitaire terminé. Mais, nos institutions (l'Etat, acteurs privés) ne sont/seront jamais à mesure d'absorber le flux de cette catégorie sociale qui arrive chaque année sur le marché du travail. 

L'Etat, qui est le principal employeur dans la plupart des pays en développement, dont le Niger, ne dispose pas d'assez de moyens pour recruter "tout le monde". Et, le peu de moyens qu'il possède, il en fait le plus souvent une mauvaise utilisation. Sans oublier la corruption qui gangrène le système. Même s'il a la volonté d’embaucher une bonne partie de ces Jeunes à travers la relance budgétaire : accroissement des investissements publics (Cf. Projet "Niamey Nyala"), ses créanciers - c'est à dire les bailleurs de fonds (FMI, Banque Mondiale, etc.) - veilleront à ce que la politique budgétaire engagée soit sur une trajectoire soutenable. Rappelons que notre pays venait juste de bénéficier d'un allègement de sa dette dans le cadre de l'initiative PPTE. Ce qui limiterait donc ses ambitions. 
Et sans une politique d'insertion professionnelle adaptée de sa part du gouvernement envers les Jeunes, le chômage va continuer de s’accroître, entraînant dans son sillage la pauvreté (59,5% de la population en 2007 selon la Banque Mondiale). Or, il est avéré que la conjonction de ces phénomènes se traduit par des injonctions et des tensions sociales très fâcheuses. Les événements douloureux qui se sont déroulés à Zinder, Niamey et dans d’autres villes du pays les 16 et 17 janvier derniers corroborent bien cette thèse. D'où la nécessité de créer le cadre favorable au développement et à l'encouragement des initiatives privées : inciter les Jeunes à monter leur propres entreprises. Car, parallèlement aux débouchés mentionnés ci-dessus, cette alternative pourrait leur garantir un avenir plus radieux. Sans compter les bénéfices pour l'économie nigérienne.

Se lancer dans la création de l'Entreprise

Il est difficile de nier le fait qu'une bonne partie des étudiants ait cette "folle" envie de créer sa propre entreprise. Mais, chose est de constater que beaucoup hésitent encore à se lancer. Les obstacles majeurs au passage à l'acte étant notamment " le manque de liquidité de départ" ou "le manque d'idées innovante". Créer son entreprise comportent plusieurs étapes (Cf. photo ci-contre pour le résumé), les unes moins périlleuses que d'autres. 
Alors comment surmonter ces obstacles et arriver à concrétiser son projet? 
Les développements qui vont suivre, dont une bonne partie a été extraite de l'article de Yasmina Haddou-Essom, paru  dans "Go Bac +5" édité par Studyrama, tenteront d'apporter une réponse à cette interrogation.

Le choix des secteurs sur lesquels  miser

Première étape pour se lancer dans une création d'entreprise : trouver la bonne idée et un créneaux porteur. Les secteurs incontestablement porteurs sont restent ceux de l'agriculture (notre pays n'étant pas encore autosuffisant), de l'industrie (secteur quasi-vierge puisque rien que la petite bouilloire est importée du Nigéria), du commerce, des transports et de la restauration (type McDonalds, KFC de préférence pour rompre avec le modèle de "Yao"). Néanmoins une tendance se dessine du coté des secteurs du numérique et du digital qui séduisent de plus en plus de jeunes, mais aussi du prêt-à-porter. 
Et si vous ne vous retrouvez pas dans les secteurs cités ci-dessus, voici une liste de sites pouvant vous aider : 
- Le site de l’APCE propose des idées pour entreprendre, ainsi que de multiples informations : www.apce.com
- www.grainedentreprendre.fr : présentation hebdomadaire d’idées pour se lancer.
- www.planete-auto-entrepreneur.com pour se lancer en auto-entreprise.
- Trendhunter.com : un jeune site canadien présentant les dernières tendances (en anglais)
- www.ideebiz.com : des tendances à travers le monde.
- www.goodfuture.typepad.com


Recourir à des aides extérieures


Le taux d'échec pour une création d'entreprise frappant en moyenne une structure sur deux avant son cinquième anniversaire, mieux vaut donc s'appuyer sur un réseau d’accompagnement avant de franchir le pas. Car devenir chef d'entreprise ne s'improvise pas. 
Que ce soit lors de cette étape cruciale de montage de projet, lors de la recherche de financement, ou encore lors des premiers pas d'une entreprise, il ne faut par conséquent pas hésiter à chercher un appui institutionnel ou associatif. De nombreuses structures proposent une aide précieuse: le Centre de Formalités des Entreprises (CFE).

Pensez également aux incubateurs (CIPMEN), couveuses et pépinières d'entreprises, qui ont vocation à encourager et soutenir l'entrepreneuriat. Dans ces structures, vous trouverez en effet un accompagnement personnalisé et de précieux conseils d'experts, à condition que votre dossier de candidature (incluant CV, lettre de motivation, plan de trésorerie, etc.) soit retenu. Elle vous apporteront également un soutien technique (locaux et infrastructures à tarif très compétitifs, service partagés...) voire un soutien financier. Les pépinières restent un bon moyen de tester la viabilité de votre projet, en évitant de sauter dans l'inconnu.


Construire son projet projet

Pour vous assurer que votre projet est viable, vous ne devez donc rien laisser au hasard. Il faut étudier le marché, connaitre la concurrence... Et s'il y a des concurrents, c'est bon signe, c'est qu'il y a un marché. Pour réussir votre étude, il faut partir à la rencontre des fournisseurs, trouver des partenaires, aller voir les banques. Mais, il faut surtout définir un plan d'actions, en ayant une vision à long terme. Le business plan concentre alors toutes les attentions. Vous devez y formaliser par écrit, la stratégie que vous comptez adopter pour le développement de votre activité. Marketing, communication, financement: tout doit être parfaitement. Car c'est à partir de cette feuille de route que vous pourrez notamment convaincre de potentiels investisseurs.

Trouver un Financement 

Pour ce qui est de la question du financement, plusieurs solutions existent pour les entrepreneurs afin de lever des fonds ou de consolider un emprunt. On peut penser aussi certains dispositifs nationaux (s'il y'en a). Sinon, l'Etat doit penser à créer : des structures publiques capables de prendre le relais des banques, à l'image de l'ADIE en France. Pour minimiser le risque, vous pouvez entreprendre à plusieurs et devenir associer.

Par ailleurs, malheureusement, au Niger, aujourd'hui, même si vous avez la meilleure idée du pays, il est difficile de trouver de l'argent puisque les banques ne veulent pas financer le risque; contrairement au Etats-Unis. Le gouvernement devrait inciter les banques à financer les porteurs de projets. Sinon, ces deniers partiront à l'étranger. Et à terme, ce exode tuerait notre économie. Il y'a de de l'argent dans les banques, chez les investisseurs privés, il faut parvenir à le faire travailler avec les fonds publics. 

Intégrer un incubateur d'entreprises

Conseil d'un spécialiste : Jean Michel Ledru, directeur de l'EDHEC Young Entrepreneurs, incubateur du groupe EDHEC

"Avant toute chose, il faut bien entendu avoir une idée. Puis milles questions se posent au créateur pour pouvoir transformer cette idée en véritable projet d'entreprise: quel doit être mon investissement de départ? Qui sont mes clients et fournisseurs? Commet commercialiser mon produit ou service?...Il faut donc définir un plan d'action concret. Pour se faire, on doit être accompagné, c'est indispensable. Et on peut trouver cet accompagnement par exemple au sein d'un incubateur, lequel peut être privé ou lié à un organisme public.(...) Leur rôle: apporter le plus tôt possible au jeune un appui en termes de moyens logistiques, de conseil et de financement. Le mode de sélection est propre à chaque incubateur. Pour en intégrer un et bénéficier de son soutien, il est nécessaire de présenter un dossier (...). S'il est retenu, le jeune est alors accompagné pendent une certaine période au cours de laquelle il bénéficie d'un coaching du personnel enseignant du groupe."

Participer à un concours

Si vous n'avez rien dans vos bas de laine et aucun apport personnel, pensez aussi aux concours, tant nationaux que régionaux. Ce démarche a fait ses preuve. Puisqu'une compatriote, Mme Hachimou Boukari Hadiza, (exerçant dans l'Agriculture), figurait sur la liste des 1000 premiers entrepreneurs africains sélectionnés dans le cadre du programme annuel Tony Elumelu pour l'entrepreneuriat. Une fois son business plan complété, la candidate retenue pourra bénéficier de deux tours de financements de 5000 dollars. 
Ainsi, le concours, les concours constituent une bonne façon d'obtenir un coup de pouce financier. Mais certains peuvent aussi offrir des équipements, des plans médias et communication....


Choisir son statut juridique et entamer les démarches administratives

Coûts estimatifs

La rédaction des statuts est une étape clé pour lancer officiellement la création de son entreprise. Société anonyme (SA), la société à responsabilité limité (SARL), la société en nom collectif (SNC), la société en commandite simple (SCS), le groupement d'intérêt économique (GIE)?
SARL : 1 à 50 associés (capital social, au moins 1.000.000 FCFA libérés intégralement)
SA : 1 actionnaire au minimum (capital social, au moins 10.000.000 FCFA)
SNC : 2 associés au moins
SCS : 1 associé au moins
GIE : deux personnes physiques ou morales à moins
La réponse s'impose d'elle même au terme du processus. La question obnubile souvent les candidats à la création d'entreprise. Mais le choix du statut juridique est à définir en fonction du projet lui même, des moyens financiers, des éventuels associés et de ce qu'attendent les cleints. Le mieux reste de se faire accompagner ( par un notaire, un avocat, un expert comptable). Une fois les statuts choisis et rédigés, il faudrait penser à créer un compte bancaire professionnel. Devant le banquier, il faut présenter son projet, un prévisionnel financie, et convaincre que son idée est viable et peut être rentable. A la suite de quoi, on doit s'immatriculer au régistre du commerce. Cette démarche, qui a un certain coût (cf. photo ci-dessus), s'effectue auprès du CFE qui assure la mission de guichet unique.
Ensembles, nous réussirons à dynamiser notre économie et faire un "Grand" Niger de demain.

Quelques exemples de réussite 

Pour finir, nous avons sélectionné pour vous trois exemples, que l'incubateur CIPMEN avait retenus dans sa "Catégorie Meilleur jeune entrepreneur" en mars 2015. Et pourquoi pas vous?

BACHIR ISSOUFOU SALIFOU, 30 ans, est un ingénieur diplômé de l’EPSI PARIS où il a suivi une formation d’ingénierie dans le secteur des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (NTIC), avec une spécialisation dans le développement logiciels.

Directeur général et associé  de Nexture consulting, Bachir Issoufou est l’origine du projet de la première tablette tactile 100% nigérienne la « NEXTAB » qui s’est vendu à plus de 300 exemplaires.

Hadiza Amadou Maiga est née le 26 juillet 1985 à tchirozerine. Elle est détentrice d’une Licence en Banque finance et d’un Master en gestion des projets. Entrepreneur, elle est depuis 4 ans à la tête de Hadyline création, des ateliers de couture qui emploient 28 salariés.

Elle organise chaque année des événements, dont un annuel, à l’occasion de la journée internationale de la femme sous le haut parrainage du ministère du Tourisme et de l’artisanat ainsi que celui de la culture, des arts et des loisirs. Les bénéfices de ces différents événements sont reversés à des œuvres caritatives dans les orphelinats, les femmes fistuleuses et les hôpitaux.

Sa mission: Promouvoir l’entreprenariat des jeunes, développer le leadership féminin, récupération de certains enfants en difficultés familiales au sein de notre entreprise pour leur donner une chance de se réaliser, démontrer qu’être une femme et jeune n’est pas un handicap, mais plutôt un atout à mettre en avant dans la création d’emploi et la promotion de la femme pour faire avancer notre pays

Oumar Tounkara : Après avoir fait des études en communication des entreprises, il intègre le monde des entreprises en tant que Conseiller Client chez un opérateur mobile au Niger. Faisant preuve d’un intérêt particulier, pour la relation client, il gravit les échelons au sein du centre d’appels, et finit par devenir son premier responsable au bout de 3 années d’expérience, faisant entres temps quelques courts  arrêts aux postes de Chef de Cellules Appels Sortants, et fini par quitter cette société, en étant au poste de Responsable Identification des Abonnés, épris de volonté d’entreprendre.

Il décide de faire ce qu’il sait faire le mieux, en fondant PROXYMEO CRM, et occupe depuis mars 2011 le poste de Directeur Général.